Allégeances au Duc Vaxilart

Aïe Aïe! Qu'est-ce qu'elle allait raconter la princesse... Et voilà qu'elle se transformait en tomate... Le Duc pris d'abord ce signe pour une mauvaise réception de sa question, mais la princesse n'étant pas dans son meilleur état, ce devait être ses blessures. Il s'empressa d'aider la princesse à ne point basculer. Sans être éclairer sur la nature du "baiser vassalique", il donna rapide accolade.

-Princesse, j'accepte avec joie d'être votre suzerain lié par la terre de Ligny. Maintenant, allez vous asseoir, vos blessures semblent vous incommoder. Peut-être devriez-vous prendre quelques jours de repos à Dijon avant de reprendre la route avec le Roy...

Le Duc n'espérait point réponse, son seul souhait désormais était de mettre fin à cette gênante aventure!

Incorrigibles, décidément ils ne changeront jamais...

Pensa amèrement Clothylde qui venait d'arriver discrêtement à son tour dans la salle de réception du château.
Amaigrie, fatiguée, les traits tirés, elle ne ressemblait guère à la jeune femme alerte d'il y a quelques mois encore.

Afin d'éviter d'attirer les regards, n'ayant guère l'envie de discuter, elle se retira dans un coin sombre de la salle, patientant jusqu'à l'appel de Dame Nebisa.

Juliette sentit de l'agitation soudaine derrière elle et fut surprise de retrouver sa filleule juste à côté lui tenant la main. Une sensation étrange s'empara d'elle. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pu la revoir. Une culpabilité fit surface.

Soraya ! Eh bien voilà une très belle Dame qui vient à ma rencontre ! Se rappelant qu'elle avait elle même signé l'acte de succession, elle ajouta. Je suppose que vous venez prêter allégeance pour la baronnie de Ciel. Les jardins sont toujours aussi bien soignés que la dernière fois que je suis venue ? c'est dire comme c'est loin...

Tout en discutant, ses yeux furent attirés par quelque chose ou plutôt quelqu'un qu'elle avait vu se mettre dans un coin. Il lui sembla même avoir reconnu cette personne. Elle baissa le regard un instant avant de se concentrer de nouveau sur sa filleule.

Erik ne put réfréner un mouvement de la main vers son étoile d'Aristote, tandis qu'il oyait les sombres mots de sa filleule... Il tacha de n'en rien montrer, tout à sa joie simple de la revoir apres tant de temps :

Tu es là, c'est le principal ma chere amie. Laissons à la Camarde le choix de nos départs ! Ce serait aller contre les enseignements d'Aristote et faire preuve d'un bien grand orgueil que d'accroire que nous décidons de cela...

Répondant à sa question, il poursuivit :

Et bien, je vais, comme tu peux le voir... Baissant le regard jusqu'à une petite rondeur stomacale : A peine un leger embonpoint qui devrait bien finir par disparaitre, mais nos abbayes sont bien trop douces avec les retraités et je pus me repaitre de fort bons plats et de bieres délicieuses des semaines durant sans que le moindre exercice me permit de rien éliminer... Il semblerait que l'on me confie la charge du Domaine de Corbigny. L'ouvrage ne sera point mince et mes petits exces seront bientot un lointain souvenir !

Regardant un peu mieux le visage de la Baronne de Couches, il le trouva creusé, las, fatigué mais plutot que d'insister sur l'etat de santé visiblement fragile de sa si chere amie, il détourna le visage vers Vaxilart et les nobles des premiers rangs, enchainant :

Je vois que les clowneries font toujours recette ici... Enfin... Il se dit que ces exentricités allégeancesques nous sont enviées de part le Royaume... Et tu me connais : je suis pour le respect des traditions...!

Achevant sur ces mots, l'autunois afficha un sourire complice relativement moqueur...

Citation :

Altesse ? La Maréchale comtale vous fait dire que vostre superbe présent au Feudataire de la couronne du Roy lui apartient parce que c'est dans ses murs et que même si vous couchez sur une paillasse ben c'est admirable.

Le prince de Condé, qui, sans aucune gêne ni retenue, passait le temps à admirer le séant potelé d'une servante embauchée visiblement depuis sa retraite ducale, fit tiré de sa douce rêverie par la voix nasillarde du palefrenier qu'il regarda de travers.

Te r'voilà toi ?

N'ayant pas compris un traitre mot du charabia du page visiblement inquiet de sa posture d'intermédiaire entre une chieuse et un fou, le Prince se redressa, s'étira grassement en faisant craquer tous ses doigts et baillant à s'en décrocher la machoire avant de tapoter sur son ventre et de plonger sa main dans sa bourse qui pendait sur son côté pour en rsortir des écus en or.

Elle veut un cheval la bastarde ? Et bien soit... toi, là, va dans la cour du palais ducal, j'y ai vu des ânes en entrant. Achètes-en deux en mon nom, fais les monter par la tour à vis et amènes les à la maréchale

Maugréant, le page s'exécuta, il n'avait pas oublié que le gros Jean lui avait raconté qu'une fois que le prince avait dépecé lui-même, à mains nues, un page qui n'avait pas correctement lavé ses chausses... et vingt bonnes minutes plus tard, deux ânons hennissaient aux pieds du trône ducal. Le Prinçouillet s'avança alors.

Ah ma dame, permettez moi de vous offrir ces deux superbes montures, des races d'exception croyez-moi ! D'ailleurs, point ne connais votre nom, de quelle maison estes-vous ?

Se tournant vers le duc

Vôtre Grâce, les pendards de la princesse sont un peu mous croyez-en mon expérience, il n'est donc guère bien séant d'y passer tant de temps. D'autant plus qu'Armoria-Sans-Terre semble encore plus faible qu'à son habitude. Passez donc à des gens plus illustres tels que moi, notre patience n'est point sans bornes.

Eh bien, elle avait échappé au baiser... Bonne chose que celle-ci. Elle inclina la tête à destination de Vaxilart, et donna une tape faussement amicale, et véritablement méprisante, sur l'épaule de la Pustule, nons ans lui sourire.

D'Etampes, mon brave, fit-elle comme si elle s'adressair à un laquais. D'Etampes. Votre manque de culture n'égale que... Votre pestilence ? Entre autres chose fort viles, vous me pardonnerez d'avoir choisi celle-ci : il y en a tant, après tout. Prenez garde à vos frères, tout de même, fit-elle en désignant les ânes d'un petit geste du menton.

Nouveau sourire, comme si elle lui avait fait un compliment - eh quoi ? Lui parler, c'en était un, non ? Elle alla regagner en toute dignité et non sans un vif contentement à l'idée qu'il n'était pas parvenu à la faire enrager, la place qui était sienne, selon son rang.

Ce faisant, elle salua quelques têtes connues, et ne salua pas d'autres têtes, plus rares pourtant connues elles aussi.

Tandis que les jeux du cirque se poursuivaient sur l'avant-scene -une belle évocation de l'âne de Buridan s'y jouait, un Prince dans le rôle du dresseur-, Erik esquissa un sourire en direction de son antique amie, poursuivant sur le même ton de voix :

Pour sur que tu y es la bienvenue, à Cobigny ! Enfin... Lorsque j'y aurais fait aménager les lieux ainsi qu'un minimum de confort l'exige.

Changeant subrepticement de sujet, tandis qu'il regardait un peu mieux la Princesse de Mortain, fatiguée, légerement transpirante, dont l'allégeance semblait avoir subit quelque allegement...

Clothylde... Regarde notre Princesse... Tu ne lui trouves pas quelque chose de changé ? Les traits tirés, une grande fatigue générale par tout le corps... Cette mauvaise suée lui parcourant le front... Toi qui est femme approchant de l'âge, tu penses à ce que je pense ???

L'inquiétude de Corbigny était réelle et il craignait la confirmation de son amie...

Habillé d'un simple tissu brun dont se revêtent les moines, Asterius était à genoux, en prières, devant la croix d'Aristote. Non pas qu'il priât réellement, mais que c'était le seul moyen qu'il ait réellement trouvé pour s'extraire de ce monde qu'il avait rejeté, dégoûté par son roi, par ses pratiques, par ses femelles... Mais, s'il était pourtant bien de bois, le crucifié ne le quittait pas d'un oeil. Et c'est alors à lui, quand il entendit ses frères de rang énoncer le nom de Vaxilar comme celui du nouveau Duc, qu'Asterius asséna une montagne d'insultes, ce qui lui valu une épatante éjection hors du monastère, digne du plus performant des trébuchets.

Mortecouille! Vaxilart...! C'est pas possible! Je pars quelques mois seulement, et c'est l'apocalypse totale en Bourgogne!

Empoignant sa canne, bardé de sa soutane, c'est ainsi vêtu qu'arriva Asterius dans la salle des allégeances. Ignorant l'habituel nuage de nobles, Asterius se fraya son chemin afin d'en avoir le coeur net. Et c'est alors qu'il le vit.

Vaxi....duc... m... corne gibouille! Vieux pillard de tombes, comment le peuple a-t-il pu laisser faire ça!

Et de tourner la tête pour enfin reconnaître ceux qui avaient, jadis, été ses proches... Et tout d'abord sa soeur...

Juliette... De la Grande famille de Mervans...! Et vous ployez le genoux face à... face à...

C'est alors qu'il croisa de son regard Coluche... ce qui d'un coup assombrit encore plus son regard. Il s'écria

Marigny...! Diantre! Vieux loup rusé, et dire que je réclame chaque jour à Aristote que vous me rendiez les douzes pucelles que je vous ai achetées...!

Puis de caresser du regard Armoria... et d'en avoir le souffle coupé! Mazette, ce que la vie monastique lui avait fait oublier! Et de la voir ravivait en lui une passion étouffée qui faillit le faire défaillir...

Princesse...!

De la seule qu'il salua d'un pied en arrière pour courber l'échine et contenir son feu intérieur

Que vous avez de beaux...

Il frappa de sa canne contre le sol et releva les yeux

... de beaux atour... Vous êtes parée comme...

Il se renfrogna et tritura les cordes de sa robe...

... enfin, comme il sied à votre rang, la plus haute courtisane de sa majesté, bien sûr...

Il replanta ses yeux dans ceux du nouveau Duc

Ne vous méprenez pas, Baron! Je ne faisais que venir constater la décadence de mon duché. Mal m'en pris. Je vais maintenant prendre congé!
Tout ceci est absurde...!

Et de cracher par terre...

Elle en était à se demander comment trouver une excuse pour s'éloigner, remonter dans son coche et desserrer ses fichus bandages qui l'étouffaient.

Des souvenirs d'anciennes allégeances lui revenaient, et notamment les passages où Asterius et elle avaient défrayé la chronique. Elle sourit, pensive. Asterius : qu'elle voyait aux portes de la mort, la rappelant à la vie. Asterius dont elle entendait encore résonner la voix, là, sous les lambris dor...

Asterius ?

Ayant grand peine à détacher ses yeux de lui, et n'en ayant nulle envie, détaillant chaque trait de son visage, elle n'entendit tout d'abord guère ce qu'il disait.

Oh, caresser ses joues, baiser ces lèvres... Une fois, juste une fois...

Puis elle réalisa ce qu'il était en train de dire - et de faire - se dirigea vers lui, et posa sur son bras une main légère.

Mon ami, cette mauvaise fièvre vous a repris, vous auriez dû garder le lit. Vos médicastres me l'avaient bien dit, que vous aviez des accès...

Elle profita d'être près de lui pour lui murmurer :

Songez que ce fief que vous risquez de perdre, ce sont les Bourguignons qui ont voulu que vous l'ayez... Songez que souventes fois, je me suis battue pour que nul ne vous le reprenne, mon ami... Pour l'amour de moy, reprenez-vous, de grâce.

Ses yeux se rivèrent à ceux de celui qui jamais n'avait déserté son coeur ni ses pensées, un sourire empreint d'une profonde nostalgie errant sur ses lèvres, son visage reflétant le gâchis de ce qu'ils auraient dû avoir.

Le Duc risqua tomber de son trône voyant Astérius pénétrer dans la salle de réception, décidément l'habit ne faisait pas le moine... Ce vieil adversaire, ce rival de toujours se tenait là, abasourdit et criant injure.

-Eh bien... Voilà charmante manière de saluer votre nouveau suzerain... Je vous connaissais pour avoir plus de classe,j'ai l'impression d'entendre là un noble Pignon rusé.

Mal vous en prenne, mais vous pouvez aller vous même constater l'état de la Bourgogne qui n'est pas plus mal qu'alors de votre règne éphémère.

Maintenant, je comprend que le silence du monastère vous pèse, mais de grâce ayez un peu de respect envers nos convives. Je ne vous en veux point de ne pas éprouver plus d'amour pour moi que je n'en éprouve pour vous, mais le Prince Almaric de Margny est pressé d'en finir avec ces formalité.

Cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait vu que le Duc le pensait, du moins espérait, qu'il était mort et enterré... Bon, on devait désormais finir cette cérémonie, il se tourna vers le Prince de Condé.

-Prince, vous avez mon attention.

Alors qu'elle discutait avec Sa filleule, elle vit arriver en trombe son frère. Une joie profonde l'envahit soudainement. Elle ne le voyait plus, il lui manquait et de le revoir lui faisait plaisir. Cependant quand il la regarda pour lui parler sur un ton bien sec, elle eu l'impression de se faire fâcher, punir. Un grand frère avec sa sœur en quelque sorte. Mais qu'est ce qu'il lui prenait tout d'un coup?
Surprise, ne le quittant plus du regard elle se joigna à Armoria, se faisant excuser auprès de Soraya.

- Non mais! comment pouvez vous me dire cela, mon frère? Qui est ce qui m'a répété sans cesse de garder Mervans, Garder Mervans et qui ce jour voudrai que je ne fasse point Allégeance! je ne le fais pas pour Vaxilart mais pour la Bourgogne! Et vous devriez en faire de même malgré les éventuels griefs que vous pourriez avoir contre le duc actuel... non mais depuis quand je devrai recevoir des leçons de mon frère! vous n'êtes plus là à mes côtés pour me donner conseil alors il est bien tard pour le faire ce jour! reprenez vous !

Juliette l'avait dit tout aussi sèchement qu'il s'était adressé à elle. Et plus elle repensait à ce qu'elle venait de dire, plus elle se disait qu'elle y était sûrement aller un peu trop fort. Elle était sûrement vexée de l'envoir entendu dire ce reproche.